Histoire du quartier Paul-Bert

2 - au temps des barbares

Si les premiers Turons(6) étaient déjà installés en Val de Loire, ce n’est qu’au tout début du Ve siècle, soit 800 ans après, que d’autres Turons, de la même région des Chattis(7), vinrent avec le flot des barbares traversant le Rhin.

(6) Turons : Peuplade qui avait son habitat d’origine dans la haute vallée du Main ; certains d’entre eux émigrèrent vers l’ouest et l’on peut admettre que le peuplement turon sur la Loire date du Ve siècle.

(7) Chatti (Chattes): Peuple de Germanie établi aux abords du Taunuset qui fut un rude adversaire des Romains.*

(8) Taunus : petite montagne qui s’élève au nord du Main.

Les invasions barbares ravagèrent, non seulement ce qui restait de Caesarodunum depuis le IIIe siècle, mais surtout les villas sans défense.

Ces incursions s’étalèrent de 406 à 506 et, durant un siècle, elles dévastèrent les belles villas gallo-romaines. Ce fut alors un régime de terreur et de misère, surtout avec les Wisigoths d’Euric en 473. 

La renommée de saint Martin éclaira cette sombre période. Marmoutier et la basilique de Tours furent des lieux de pèlerinage importants.

 

Cette paix provisoire subit pourtant le contrecoup des luttes entre peuples germaniques pour la possession de la Gaule.

A l’entrevue de 504 à l’île d’Or d’Amboise, Clovis et Alaric II, à l’issue d’un banquet copieux, s’étant tiré mutuellement la barbe en signe d’amitié perpétuelle, se partagèrent le territoire mais aucun des deux n’était sincère et la trêve fut courte.

 

Clovis, vainqueur d’Alaric en 510 à Vouillé, fut nommé proconsul d’Empire à Tours, où il caracola entre Saint-Martin et Saint-Julien. Triomphe assez court, puisqu’il mourut en 511.

 

De 575 à 576, le chef barbare Roccolène qui gouvernait en ce temps-là le Maine, longeant la rive droite jusqu’à Saint-Symphorien, voulut s’emparer de Tours pour piller la ville. Une grande crue de la Loire empêcha cette conquête ordonnée par Chilpéric, le monarque d’alors. La ville fut sauvée, mais, déçu, Roccolène s’établit sur l’actuel quai Paul-Bert et se livra au pillage des lieux.

Grégoire de Tours relate que, la veille de Pâques 580, une autre violente crue de Loire emporta le pont de radeaux. De ce fait, un grand nombre d’habitants en cours de passage du fleuve, périrent noyés. Le même auteur relate neuf terribles inondations et des épidémies en résultant, au cours de la période allant de 467 à 501. Stendhal, médisant de la Touraine et de son fleuve trop dolent, eût changé d’avis s’il eût été Mérovingien !

 

L’époque carolingienne nous valut un arrêt des exactions barbares pendant la durée du Saint Empire romano-germanique. Mais rien ne dure et, après la mort de l’Empereur Charlemagne, l’Empire fut divisé et Charles II, le Chauve, régna sur la Touraine. Son règne fut bien troublé, hélas, par les invasions nordiques des Vikings, pendant 65 ans de 838 à 903.

Le Val de Loire fut périodiquement dévasté et pillé. A Tours, les riverains étaient des plus visés et victimes, par suite des convoitises sur Saint-Martin et Marmoutier.

 

Encore une fois, en 853, venus pour investir Tours, les Normands furent bloqués rive droite sur Saint-Symphorien par suite d’une crue de la Loire le 30 juin.

Là, ils pillèrent et dévastèrent encore le malheureux bourg, avant d’aller à Marmoutier où 116 moines sur 140 furent tués. Après la crue, ce fut le pillage de Tours et de Saint-Martin, d’où les reliques du saint avaient prudemment été transportées à Cormery par l’abbé Héberne, et de là à Chablis, puis à Auxerre.

 

Après la terreur normande, vaillamment combattue par les  "Comtes de Blois", la Touraine devint le domaine de ces Comtes avec leurs lignées d’Hugues et d’Eudes.

A partir du Xe siècle, la Touraine est disputée durant 250 ans entre les Comtes de Blois et ceux d’Anjou, leurs concurrents.

Ensuite, au début du XIe siècle, le quartier Paul-Bert connaît enfin son premier pont en pierres reliant les deux rives en s’appuyant sur deux îles. 

Ce tableau exposé au Musée des Beaux-Arts de Tours est un témoignage rare de l'ancien pont gothique de Tours, le pont d'Eudes, à la fin du XVIIIe siècle peu de temps avant sa destruction.

"Sur l'arche au premier plan se dresse l'ancienne bastille, dans le lointain sur la rive sud, on aperçoit la tour de Guise de l'ancien château royal et les deux tours de la cathédrale."

L'actuelle rue du Vieux pont doit-elle son nom à celui-ci ?