Antoinette d'Orléans-Longueville

Fondatrice de la Congrégation des Filles du Calvaire

 

Née sous Charles IX, en 1572, au château de Trie, près de Gisors, l’année de la Saint-Barthélemy, Antoinette d’Orléans-Longueville  est la fille de Léonor d'Orléans, duc de Longueville gouverneur de Picardie et Normandie, et de Marie de Bourbon, cousine germaine d'Antoine de Bourbon, le père du futur Henri IV.

 Antoinette est aussi la nièce de la princesse douairière de Condé, Françoise d'Orléans-Longueville, veuve de Louis 1er, assassiné à Jarnac.

Destinée à une illustre fortune, préférée pour sa beauté et son intelligence à ses sœurs aînées, elle est conduite dès l’âge de huit ans à la cour des Valois où sa formation sera  assurée par Henriette de Clèves, duchesse héritière de Nevers.

A quatorze ans, Mlle de Longueville est en mesure d'entrer dans le groupe prestigieux des filles d'honneur de la reine mère qui doit la marier selon son rang. Cependant entre temps, dans ce milieu cultivé mais fort libre, elle acquiert une aversion de ce monde et un appétit passionné de spiritualité. A seize ans, Catherine de Médicis, dont elle est fille d'honneur, lui fait épouser Charles de Gondi, jeune seigneur de 19 ans, titré marquis de Belle-Isle pour l’occasion. Cet époux imposé est le fils d'un favori de Catherine de Médicis, florentin parvenu : Albert de Gondi, descendant d’une famille de banquiers.

 

Pour sauver son honneur de cette mésalliance, Marie de Bourbon déshérite sa fille, mais les Gondi compensent en emplissant la corbeille de mariage. Après la cérémonie religieuse, en 1588, les époux vivront deux ans à la cour d’Henri III mais se retireront au château de Machecoul, après l’assassinat du Roi. En ce pays de Retz, Antoinette donnera naissance à deux fils : Henri et Léonor.

En 1596, on est toujours en guerre de religion, le Marquis de Belle-Isle  est tué dans une échauffourée, dont les circonstances resteront mystérieuses alors qu’il s’apprêtait à prendre d’assaut le Mont-Saint-Michel. Antoinette d'Orléans-Longueville fait rapatrier le corps de son époux  et organise à Nantes des obsèques dignes de son rang, mais le corps est enseveli à Machecoul dans le caveau familial des Gondi.

 

Désormais Antoinette n’a qu'un but : obéir à la vocation religieuse refoulée lors de son mariage, oublier sa naissance et faire pénitence pour les années où elle a vécu dans les honneurs et l'abondance. Pour l'accueillir dans les termes qu’elle désire et lui assurer la protection dont elle a besoin, seules restent les Clarisses qui sont demeurées fidèles à leur règle, mais elles ne recrutent pas de veuves et comme Antoinette a été mariée, on ne veut pas d'elle. C’est alors qu’elle apprend l'existence d'un jeune monastère, refuge de nobles veuves et orphelines de guerre et le 23 octobre 1599 elle entre chez les Feuillantines à Toulouse pour y mener une vie cachée. Le 31 octobre, à 27 ans, elle reçoit le nom de Sœur Antoinette de Sainte Scholastique et en 1604 elle est élue Prieure à l’unanimité.

Après les désastres des guerres de religion, la situation est devenue difficile pour l’abbesse de Fontevraud : Éléonore de Bourbon, tante du Roi Henri IV et aussi tante d’Antoinette, qui essaye de rétablir l’observance, d’abord en ce qui concerne la vie commune mais déjà âgée elle sent le besoin d’une aide. Elle pense alors à sa nièce et obtient du Pape qu’il ordonne à celle-ci, sous peine d’excommunication, de sortir des Feuillantines pour se rendre à Fontevraud. Antoinette, lucide et sans espérance, retrouve en ce lieu tout ce qu'elle avait voulu fuir, en plus de l'hostilité des religieuses. Elle refuse le trône abbatial et après dix mortelles années de résistance et d'efforts, conseillée par le capucin François Le Clerc du Tremblay, autrement dit le Père Joseph, éminence grise du cardinal de Richelieu, elle se retire à Lencloîte dans un des prieurés dépendant de l'abbaye de Fontevraud, afin d'y retrouver « l'authenticité  spirituelle de la vie monastique ».

 

Bientôt des postulantes acquises à sa réforme affluent, animées d’une intense ferveur,  préférant Lencloître à Fontevraud au point d’exciter la jalousie de Madame de Lavedan, l’abbesse qui lui succéda. Avec l’accord du pape et du roi, Antoinette d’Orléans se résout à faire construire un monastère indépendant à Poitiers qu’elle rejoint avec 24 moniales décidées à mener une vie bénédictine, simple et authentique.

 

Pour la communauté commence alors une vie extrêmement rude ; le froid et l’humidité d’un monastère encore en travaux ont rapidement raison de la santé de plusieurs religieuses. Antoinette d’Orléans n’est pas épargnée, une forme de saturnisme l'emporte le 25 avril 1618, alors que la nouvelle congrégation n’a que six mois d’existence.

Le 28 janvier 1621 à la mort de Paul V, protecteur de ces futures Feuillantines, le Père Joseph réussit à faire ériger leurs deux premières maisons en congrégation indépendante, à laquelle il donne le nom de Calvaire. C’est ainsi que cette congrégation religieuse de la famille bénédictine issue du monastère de Poitiers créé par Antoinette d’Orléans est depuis connue sous le nom des Filles du Calvaire ou Bénédictine de Notre-Dame du Calvaire.