Paul GRAFFIN

Paul dit Popaul naît en 1918, son père François veuf et remarié à une veuve, est alors âgé de 60 ans.

 

Quinze ans plus tard, lorsque son père trépasse, l’éditeur Arrault, confirmant la promesse faite à ses parents, l’embauche comme apprenti imprimeur.

 

1940 est une année cruciale pour le jeune Paul : il se marie avec Renée Penot âgée de 20  ans, sa mère décède et c’est la déclaration de guerre. Il hérite du Bazar Paul-Bert crée par son père et repris en main par sa mère. Etant toujours imprimeur, c’est sa jeune femme qui débutera là, avec anxiété mais courage, son activité de commerçante.

 

Comme son père Paul devient vite une « figure » de Paul-Bert. Il raconte : « Avant la guerre, pour la fête du quartier tout le monde se déguisait, même les vieilles filles, mais c’était avant la guerre. Quand les Allemands sont arrivés on était tous dans les caves, pas plus braves les uns que les autres. »

 

Dès fin août 1944, il participe avec quelques habitants à la création du « Comité de Libération du quartier », présidé par le docteur Destouches. Il faut se rappeler que si la ville de Tours est libérée le 1er septembre, de par sa situation, le quartier nord de Tours est délivré une semaine plus tôt. Pendant trois semaines, sans tickets d’alimentation, ce comité œuvre au mieux au ravitaillement de la population.

 

Avec quelques jeunes gens il crée la « Commune libre de Paul-Bert », à ce sujet il précise :

 

« Les Allemands étaient encore de l’autre côté du pont mais nous étions tellement heureux que c’est là qu’on a commencé la Commune libre. On s’est retrouvé trois ou quatre musiciens dont Gandoin, Bebert Guérineau, moi (enfin c’était pas moi le meilleur !)) mais il y avait cinq ou six autres musiciens avec accordéon et le soir on faisait la retraite en fanfare. Et les Allemands étaient toujours en face quai d’Orléans. Il fallait être dingue ! Paul-Bert était libéré mais les autres étaient toujours en face. Il fallait être un peu… »

 

Par la suite le groupe de musiciens s’étoffe et intarissable sur ce sujet, il ajoute :

 

« Comme on était un bon petit groupe de musiciens et de bons vivants, on s‘est dit : « On a fait une commune libre, pourquoi on ne continuerait pas ? » Il y avait là Gandoin, l’épicier, qui était aussi un bon musicien et l’âme de ce groupe et puis d’autres comme Pichereau, Fleury, Delforges et bien d’autres. Il y avait même là des premiers prix du Conservatoire de Paris qui venaient participer à ces concerts par pure amitié et dans un total désintéressement. Gandoin, lui, il faisait des bals. Alors il a ramené des copains. Moi aussi; et on a formé une sorte de musique "spontanée".

 

Quand on défilait le dimanche matin on faisait silence en passant devant l’église pour ne point gêner la messe du curé Méchine.

 

On donnait également un concert sur la place Paul-Bert une fois par mois.

 

La Commune Libre c’était pour rire mais on avait quand même nos statuts déposés à la Préfecture. Surtout parce qu‘on faisait des bals et qu‘on se déplaçait dans tout le département. Alors le président de l’association c‘était moi, mais le maire de la Commune libre c‘était Mr Manteau parce qu‘on avait pris un homme qui représentait bien et qui aimait bien ça. Et puis il y avait les adjoints, les pompiers, il y avait le facteur et tout ça, mais c’était rien qu’humoristique (...) On organisait des bals, des fêtes et on organisait un repas pour les Anciens. C’est la Commune Libre qui a lancé le repas des Anciens (...)

 

Et puis cela s‘est fait de moins en moins. Alors, peu à peu, il n‘y a plus eu que le Comité de Quartier qui a continué à faire ses fêtes. »

 

Effectivement cette commune libre cessera son activité en 1952, laissant le Comité de quartier Paul-Bert poursuivre les festivités. Paul Graffin y participera activement pendant plusieurs années

 

Bien qu’ayant cessé de tenir son Bazar depuis fort longtemps  il vivait toujours avec son épouse 74 rue Losserand, au dessus de son ancien commerce jusqu'en 2016, année de son décès. 

 

 

Source:

Gérard Lecha, Le petit Montmartre tourangeau, pp 60,61. Logiques sociales, l’Harmattan.